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Une passionnante Biennale d’Architecture utopique et féministe

Vierzon- Orléans jusqu’au 1er janvier 2023

L'usine La Française
L’usine La Française
La 3 ème Biennale d’Architecture du FRAC Centre Val de Loire modifie sa formule en se délocalisant partiellement d’Orléans à Vierzon. Sa thématique « Infinie Liberté » est précisée par son sous-titre « Un Monde pour une démocratie féministe » qui révèle que plasticiennes et femmes architectes sont les seules exposantes.

Voir en ligne : https://www.frac-centre.fr/biennale...

Pour le grand public l’architecture au féminin est représentée par l’Irako- britannique Zaha Hadid (1950-2016) formée par Rem Koolhas et qui a reçu de nombreux prix pour ses réalisations déconstructivistes. On la retrouve à l’espace Maurice Rollinat de Vierzon avec d’autres oeuvres de ses consoeurs dont celles de Renée Gailhoustet responsable de l’ensemble urbain de la Maladrerie à Aubervilliers.Le même quartier à fait l’objet d’une vidéo de Flavie Pinatel. Le monde bâti des femmes regroupe là des oeuvres des collections du Centre Pompidou et de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.

Dès la sortie de la gare de Vierzon le regard est attiré par un échafaudage qui redouble la façade de la Maison des Cultures Professionnelles. Sur des filets transparents un texte est brodé au point de croix. On peut y lire ce slogan « Tant que mon anatomie déterminera mon autonomie je serai féministe. » L’auteure en est l’autrichienne Katharina Cibulka qui a récolté les phrases de son projet Solange ( Aussi longtemps que…) en soumettant les possibles compléments à des femmes de diverses générations.

Plusieurs autres projets sont visibles in situ comme la fresque de Clémentine Chalençon qui matérialise mousses et lichens peints sur un mur. Une autre artiste autrichienne Brigitte Mahlknecht investit l’esplanade qui fait face à l’ancienne usine La Française.Ses peintures réalisées avec les outils du street art développent au sol ses Invisible Worlds mêlant ressentis intérieurs et extérieurs de la ville.

Sur la façade de l’usine sont accrochés huit collages de très grand format de Louisa Babari , ayant des racines russes et algériennes. Elle a créé ces montages de la série Les Vigies à partir d’archives témoignant de la vie des ouvrières de Vierzon avant la fermeture des entreprises industrielles.

Les commissaires Marine Bichon , Nabila Metaïr, et Abdelkader Damani, en réunissant des oeuvres imposantes autour de L’utopie des territoires ont fait un pari fort sur les locaux industriels de La Française . Mais en cours de rénovation le lieu protégé par des filets n’est pas visitable les jours de pluie, ce qui est problématique pour une manifestation qui se déroule en automne et en hiver. Sous la structure on peut voir, par temps sec, l’imposante architecture temporaire de Sophie Berthelier (France) et Véronique Descharrières (Luxembourg). On peut revoir et écouter avec intérêt la sculpture sonore Atlas des partitions silencieuses de Cécile Le Talec, déjà présentée à Amilly. Le dôme de la cohabitation du duo espagnol Takk parie sur la symbiose des énergies vitales.Le groupe de trois féministes réunies sous le label architecture collaborative produit son installation L’usine post fordienne de l’hymen qui met en question les rapports intimes du corps féminin à la conception du bâti. Une rue entière est consacrée à l’accueil dans des vitrines de Paroles d’artistes, tandis qu’une autre artère centrale accueille l’installation sonore Vivante de Ségolène Thuillart.

La plus intéressante initiative pour le public est la série Permis de construire de l’agence Bientôt. Dans l’ancienne enfilade des rues Voltaire et Des Ponts qui a été désertée par les nombreux commerçants qui y étaient installés avant la fermeture massive des usines sont accrochés 17 panneaux , faux permis de construire constituant autant d’utopies à concrétiser pour que revive cet axe urbain.

Dans les locaux des Turbulences à Orléans sous le commissariat de son directeur et de Nelly Taravel sont réunis 10 artistes qui interrogent La tendresse subversive, considérée comme alternative contemporaine à l’avant-garde moderniste. Plusieurs pratiques artistiques diverses sont exploitées. Un court métrage vidéo réalisé en banlieue par Alice Diop profile le thème avec son titre Vers la tendresse. La projection fait face aux tirages couleurs de Clarisse Hahn qui portraiturent le quotidien des Princes de la rue. Anna Ponchon met en relation dessins minuscules, peinture et affiches détournées pour son projet Speak to me Sun. Anila Rubiku effectue des dessins et collages sur des tondos de petite dimension qu’elle réunit sous le programme L’espoir est cette chose à plumes. Un dialogue fort s’établit autour de deux oeuvres qui questionnent le rapport de la ville au carcéral. Les sculptures textiles de Laure Tixier reprennent au mur ou au sol les structures de prisons célèbres. Le travail photographique d’Ana Maria Arévalo Gosen Jours éternels largement exposé dans les deux villes constitue la série documentaire la plus intéressante et paradoxalement la plus représentative de cette Infinie liberté . Dans une approche empatique de ses sujets, des prisonnières vénézuéliennes, l’artiste structure ses clichés par un usage sculptural de la lumière comme en témoigne l’image utilisée pour l’affiche qui laisse habilement la gardienne hors-champs.

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