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On pourrait de prime abord se demander si ces reproductions rassemblées ainsi correspondent à une vision de l’artiste, ou bien si ce qui fait montage dans le pli de la pochette est une réécriture contemporaine. Klinger a bel et bien pensé cet ensemble puisque le portfolio Opus 1 a été publié par ses soins en 1879 et correspond à une première période importante de son œuvre. Son travail a marqué les esprits et influencé d’autres artistes, notamment Max Ernst dont les romans-collages ne sont pas étrangers à l’esthétique de Klinger.
L’univers qu’il déploie ici est fondé sur un certain romantisme qu’il s’agisse d’un ailleurs géographique ou plus encore occulte. Parmi les images d’Opus I, on découvre notamment, en Madame Butterfly, vingt ans avant l’opéra de Puccini, une japonaise alanguie au hamac sur une île au large du mont Fuji. Derrière elle, un arbre est en fleurs et un grand félin lui tient compagnie. Cette image rappelle le célèbre Sphinx de Fernand Khnopff quoiqu’il ait été peint presque dix ans plus tard en 1896.
L’humain et la nature, l’humain et l’animal, autant de dualités et de possibilité de tensions qui construisent l’univers de Klinger, quoique les corps anthropomorphes soient davantage des créatures imaginaires. Klinger s’est ici attaché à des images telles qu’il en naît entre le rêve et l’éveil et annonce ainsi l’attachement des Surréalistes au songe comme matière et méthode de travail.