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Un entretien avec Manel SOW, artiste plasticien Sénégalais

Jeune fille &aveugle M.Sow
Jeune fille &aveugle M.Sow
Exposant aujourd’hui à Paris, Manel Sow, artiste plasticien, scénographe, et avant tout humaniste, se veut le porte parole des enfants des rues de Dakar : il travaille avec eux au quotidien et trouve dans leur entourage sa principale source d’inspiration, comme le montrent les diffréntes expositions qu’il réalise cet automne.

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Florence Valérie Alonzo : Pour lancer l’entretien étaient disposés sur la table un certain nombre d’objets que Manel Sow devait choisir…

Manel Sow : De tout ce que j’ai vu sur la table le plus important pour moi, c’est le sable parce qu’on nous a créé à partir du sable et nous retournerons plus tard au sable... et la bougie, parce que c’est la lumière. La tour Eiffel parce que j’aime bien Paris, mais ce qui m’étonne ici à Paris, c’est que nous sommes dans le pays des droits de l’homme qui ne respecte pas les droits humains. C’est la troisième fois que je viens ici, je n’ai jamais vu des bêtes errantes, mais je vois des êtres humains errants et ça me fait mal, très mal même. Et surtout à cette période de froid… d’hiver…

F.V.A. : Quelles sont les techniques que vous employez dans vos peintures ?

M.S. : La récupération, notamment. J’utilise des peintures acrylique, de la sève de baobab, de l’oseille rouge, de l’huile de palme sur des toiles de jute. J’utilise aussi du papier mâché.

F.V.A. : Avez-vous déjà réalisé une installation ?

M.S. : J’ai fait une installation qui s’appelle « Enfants victimes socio-économiques » en 2005 à Dakar et je l’ai exposée à la Galerie Nationale et à l’Empire des Enfants, un centre d’accueil des enfants de rues dans le centre de Dakar. Je m’y occupe des enfants, de leur santé et de leur réadaptation à une vie normale.

F.V.A. : Avez-vous continué votre série que vous appelez « les chorégraphies » ?

M.S. : Oui, mais maintenant j’ai changé un peu de registre et je travaille sur des « Scènes d’Afrique » et je peins aussi beaucoup les enfants en situation difficile. C’est le thème de mon exposition à Stains, qui se termine le 28 novembre : les enfants de la rue...

F.V.A. : Est-ce que vous avez des maîtres ?

M.S. : Oui j’en ai beaucoup… Celui dont je vais parler c’est mon idole, il s’appelle El’hadji Sy, c’est un plasticien qui vivait à l’époque à côté de chez moi et c’est grâce à son exemple que je suis devenu artiste. Il m’a donné le goût des couleurs et le goût du travail sur la toile de jute aussi. Mon deuxième maître, c’est un peintre africain également qui se nomme Tita Mbaye. Lui c’est autre chose, il a une grande force morale et puis il est mon conseiller artistique, il me transmet ses techniques.

F.V.A. : Vous avez commencé à peindre à quel âge ?

M.S A. : A l’adolescence… J’avais onze, douze ans.

F.V.A. : Quand avez-vous décidé de faire les Beaux-Arts ? Est-ce que cela s’est imposé à vous ?

M.S. : Oui, au début j’étudiais au conservatoire national de musique, puis j’ai décidé d’arrêter, je ne suis pas resté jusqu’à ma médaille de solfège et j’ai commencé les Beaux-Arts, option Arts Plastiques…

F.V.A. : Avez-vous déjà travaillé sur du bois ?

M.S. : Pour l’exposition de Stains, j’ai commencé à travailler sur du bois, j’aimerais continuer ce travail, peindre sur du bois, sur l’écorce.

F.V.A. : Parlez-moi de « la jeune fille et l’aveugle »…

M.S. : Ce qui m’a inspiré c’est qu’un jour de rentrée des classes, j’ai observé une jeune fille passant avec son père qui était aveugle. Elle le guidait. Alors que les jeunes filles se mettaient en rang pour entrer en classe, au moment de l’appel, elle a entendu son nom, et elle a été si triste… Son père ne voyait rien, il ne ressentait pas non plus la tristesse de sa fille, il ne voyait que les pièces d’argent qu’on lui donnait.

F.V.A. : Mais votre tableau n’évoque pas cette tristesse… il évoque autre chose. Parlez-moi de cette autre chose…

M.S : La beauté… quand on parle de beauté on ne peut pas parler de tristesse. C’est antagoniste. J’ai rendu le tableau gai : le fond orange est chaud, le vert c’est l’espoir, la nature, le jaune, la richesse, l’or et le soleil. C’est ce qui compose la toile. Je l’ai entouré de blanc parce que c’est l’innocence.

F.V.A. : Pour terminer, que souhaitez-vous dire de plus sur votre art ?

M.S. : C’est au spectateur de dire ce qu’il voit , ma source essentielle d’inspiration c’est l’enfant.

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++INFO++

Exposition « Enfants de la rue au Sénégal » à la Tribu, 30, avenue Louis Bordès, 93240 Stains. RERB : St-Denis Université, puis bus 255/253, arrêt Mairie de Stains ou RERD : Pierrefitte-Stains, tous les jours de 12 heures à 15 heures, jusqu’au 28 novembre. Journée exceptionnelle le vendredi 21 ouvert toute la journée concert de Slam.

Exposition « Oeuvres récentes » dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale à la Maison des Associations du 18ème, 15, Passage Ramay, 75018, M° Marcadet-Poissoniers ou Jules Joffrin jusqu’au 22 novembre.

Exposition « Scènes d’Afrique » à Tierra Una, 46, rue de la Fontaine au roi, 75011 Paris, M° Goncourt ou Parmentier, jusqu’au 31 décembre 2008, ouvert tous les jours sauf le dimanche de 11h à 20 heures. Tél : 01.43.38.53.71

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