Quelle culture photographique sans théorie ni critique ?

Conscients des limites de leur structure fondée sur portraits, paysages photos de rue et une quatrième partie fourre-tout, les deux auteurs dialoguent en ouverture pour justifier de leur choix très convenu. A n’approcher les pratiques traditionnelles que par leurs sujets généraux la dernière partie regroupe abusivement photo créative, plasticienne et conceptuelle.

Chacun des chapitres se conclut sur une bibliographie « sélective et subjective » composée uniquement de monographies : deux incontournables, un coup de coeur , un coup de foudre et un photographe à (re)découvrir. Cette dernière rubrique offre effectivement les auteurs et les livres les moins attendus.

L’ensemble de ces sélections d’artistes n’est pas à contester, on n’a pas envie de jouer à retirer un auteur important pour un(e) autre tout aussi exigeant. Le dernier chapitre s’accompagne d’un entretien avec Laurent Millet, bien représentatif des pratiques plasticiennes, illustré par quelques unes de ses réalisations récentes.

Le plus gros problème est l’absence totale d’essais théoriques et d’ouvrages collectifs structurant une tendance. Comment sérieusement acquérir une culture photographique sans consulter les catalogues thématiques du Mois Européen de la Photographie, La photographie expérimentale de Marc Lenot, Les pratiques pauvres, du sténopé au téléphone mobile de Jean-Marie Baldner et Yannick Vigouroux, Pour une photographie documentaire critique de Philippe Bazin, La région humaine de Michel Poivert et Gilles Verneret… Aucune sitographie ne renvoie non plus aux blogs Lunettes Rouges ou Lintervalle, à 9 lives magazine, à TK21, la revue, à image sociale.fr d’André Gunthert …

Alors que se préparent des Etats généraux de la photographie comment accepter un tel mépris, une telle censure sur la critique photographique pourtant si variée et si riche en France, en Europe et à l’international.