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Pour Yannick Vigouroux

« Autoportrait de guingois au canapé et au rétroviseur » Paris, 29 décembre 2013
« Autoportrait de guingois au canapé et au rétroviseur » Paris, 29 décembre 2013
Il n’est jamais facile d’écrire sur l’œuvre d’un ami... à moins que ce ne soit un très long texte – ce n’est malheureusement pas le cas ici –, il est inévitable que l’on oublie (volontairement ou non) des facettes, des particularismes de son travail. Sur les images de Yannick Vigouroux que je fréquente depuis plus de vingt ans, il y a beaucoup à dire... ou se taire.

Voir en ligne : http://www.yannickvigouroux.fr/fr/a...

Beaucoup à dire, beaucoup à écrire... le lien à l’écrit (historien de la photographie, collectionneur, commissaire d’expositions, essayiste, critique... Yannick écrit beaucoup sur l’image) est essentiel pour envisager ses photographies. Comme il aime à le dire – parlant des images « anonymes » qu’il collectionne – c’est bien souvent « la légende qui fait fictionner ». Et ses propres images ne dérogent pas (toutes) à la règle. Lisons un peu : Autoportrait de guingois au canapé et au rétroviseur, Paris, 29 décembre 2013 (cf. photographie publiée ci-dessus) .

C’est là que l’on saisit l’occasion de s’asseoir (inconfortablement) et de se taire... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... Jamais bien longtemps, veuillez m’en excuser. La légende fictionnante, joue à cache-cache avec l’image du photographe, le reflet (référence(s))... humour potache.

Cette légende (ces légendes), parfois n’est (ne sont) pas de son fait... En 1993 il commence une série de portraits au polaroid intitulée « flux de conscience » et demande aux portraiturés d’exprimer leurs pensées durant la séance de prise de vue :

Transposition d’un outil littéraire – le monologue intérieur (de Stendhal) / the stream of consciousness (de Woolf) – vers la photographie (indice de réalité)... et depuis quand la réalité vient-elle avant la fiction ? C’est bien connu « l’art imite la vie, bien mieux que la vie n’imite l’art ». Ainsi, l’image de cette jeune fille – photographiée entrain de penser (manifestement : yeux clos, tête baissée) est le reflet parfaitement vrai de cette pensée intérieur. Comme il aime à le dire (encore) : « le document ment, l’imaginaire jamais ».

Dans ce sens, lorsque l’éditeur Thierry Magnier confie en 2006 à Sylvain Estibal une sélection de photographies de Yannick Vigouroux extraite de ses « Littoralités », la légende va se développer en un roman... (dans la collection Photoroman, conçue par Francis Jolly comme l’inverse du roman photo). « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! ».

Il ne s’agit donc pas de l’Histoire (« avec sa grande hache ») mais des histoires que nos yeux vont faire exister dans les photographies de Yannick Vigouroux. Autant de détails, de presque rien, qu’il s’évertue, avec une jubilation certaine, bien que discrète, à faire jaillir d’un émerveillement du quotidien.

Ses photographies récentes, rangées ( ?) sous l’intitulé générique « vacance », reflètent bien en effet cet état d’esprit qui semble nécessaire pour faire des images : constructions mentales faites de références assimilées, de savoir technique conjugués, de connaissances emmagasinées, bruit et fureur. Une disponibilité mentale... au moment où tout se noue. Je me tais pour laisser la place, en définitive, à l’image (et sa légende).

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