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Offscreen, une nouvelle dimension pour la recherche image

Suzanne Lafont
Suzanne Lafont
La première édition d’Offscreen s’est tenue à Paris du 20 au 23 octobre dernier. Sa dimension limitée, comme sa volonté de défendre les oeuvres le plus expérimentales de la production image quels que soient ses supports n’avaient à ce jour que le seul exemple du salon Approche. L’espace accordé à chaque artiste dan sle luxueux cadre de l’Hôtel Salomon de Rotschild faisait la différence. Daniel Compain et Julien Frydman ont une longue expérience des salons dont la collaboration autour de Paris Photo, ils ont voulu créer une nouvelle formule, plus intimiste, plus contemplative, en dialogue avec les artistes et les galeristes.

Voir en ligne : https://offscreenparis.com/fr

L’un des grands champs d’exploration de ces pratiques est une approche formelle de la lumière à l’instar des créations de l’invité d’honneur Anthony McCall. Ce cinéaste expérimental britannique né en 1946 est représenté par la galerie Martine Aboucaya. Reconnu dès 1973 pour son premier film de « lumière solide » Line Describing a Cone il investit le sous-sol avec une installation inédite Face to Face V . Cette double projection immersive matérialise dans le noir d’amples trajectoires de lumière.

On reconnait la filiation de Mustapha Azeroual présenté par la galerie Binôme. Cet artiste franco-marocain met à profit sa formation scientifique pour créer de nouvelles abstractions photographiques, grâce à l’actualisation de procédés historiques par des protocoles complexes qui produisent des oeuvres couleur d’une haute qualité vibratoire.

C’est grâce à une technique plus récente ; le Polaroïd, dont elle explore le très grand format 20x24 que l’américaine Ellen Carey produit sa dernière pièce Crush&Pull, longue de plus de 7 mètres et qui reprend les couleurs primaires. Une autre artiste américaine Sheila Pinkel (Galerie Higher Pictures Generation , New York) mène des expérimentations lumino-chimique en laboratoire pour produire ses Folded Papers qui recréent une sensation de troisième dimension.

L’artiste japonais Daisuke Yokota ( Galerie Jean Kanta Gauthier, Paris) crée ses installations murales par ré-intervention plastique sur ses propres images comme pour sa série Auto Reverse , dont le titre nous rappelle aussi les liens que l’artiste entretient avec la création sonore.

La galerie Valérie Bach expose deux oeuvres historique de Carlos Cruz-Diez (1923-2019), vedette de l’art optique et cinétique. SesPphysiochromies datant des années 1960 jouent sur l’appréhension physique du spectateur en mouvement pour modifier la sensation de la couleur.

Un autre ensemble d’artistes restent à la frontière entre recherches formelles et figuration. Un même rapport à représentation de la nature unit les deux plus spectaculaires installations . Suzanne Lafont (Galerie Erna Hecay, Luxembourg) avec Companion Species installe au sol une série de 16 images de plantes cueillies dan sles rues de Bordeaux. Reproduites sur fond gris anthracite certaines fond l’objet d’attributions de couleurs complémentaires à celles de la nature. Cette déformation colorée veut évoquer les transformations écologiques en milieu urbain. Le photogramme de 30 mètres de long réalisé par Roberto Huarcaya dans la jungle péruvienne à la lumière de la pleine lune nous sensibilise aux menaces subies par ce type d’environnement.

Le duo brésilien Angela Detanico et Rafael Lain produisent des oeuvres à forte implication conceptuelle qui empruntent le plus souvent le support de la projection vidéo. Ils mettent leur formation de linguiste et sémiologue au service d’une expression poétique. Ainsi dans Vanitas ils utilisent une police de caractère qui épelle le mot désir avec des fleurs. Les installations murales de l’américiane Carmen Winnant (Patron Gallery USA) recyclent par des collages te des suspensions des images d’artisanat.

Deux artistes parmi les plus célèbres font référence à l’histoire de l’art. Alfredo Jaar dans une installation minimaliste composée d’une lampe rouge de laboratoire accrochée haut dans une pièce vide rend hommage au 3èeme livre de Daido Moriyame Bye Bye Photography, qui est censée marquer le passage de l’analogique au numérique. Peter Kubelka, un des plus grands noms du cinéma expérimental autrichien présente pour la première fois trois pièces complémentaires dont un hommage à Arnulf Rainer qu’il réunit sous le concept de « cinéma métrique » qui prend une forme étonnamment sculpturale.

Un dernier groupe de quatre artistes associent recherches formelles et contenu contre-idéologique à travers des pratiques archivales ou de fiction documentaire. Le chilien Claudio Peres (Toluca Fine Art, Paris) est un artiste engagé pour la défense du médium comme pour la mémoire des victimes de la dictature militaire dans son pays. Pour sa série Mur de la mémoire il reporte sur céramique les portraits des disparus dont certains toujours non identifiés depuis la fin des années 1970. Une fresque en préparation laisse des cases libres pour d’autres portraits. La galerie Eric Dupont présente les ré-enacments d’archives du béninois Roméo Mivekannin. Il utilise des photos coloniales d’indigènes, lors de ses reports sur toile il reproduit en peinture son visage sur ces corps anonymes, pour incarner cette histoire.

La galerie les filles du Calvaire expose le guadeloupéen Kenny Duncan dans une imposante installation photo-sculpture qui rend hommage au carnaval caribéen à qui il emprunte parures, talismans et masques votifs, qu’il confronte à de très grands formats de segments corporels dont des mains en préhension d’objets. La galerie de Valencia Luis Andelantado redonne à voir les oeuvres mixtes du peintre espagnol Dario Villalba ( 1939-2018). Il traite les images par report sur émulsion et ajouts graphiques sculpturaux , les oeuvres à forte résonance corporelle son soit suspendues soit disposées au sol.

Offscreen en mêlant des artistes de différentes générations et de diverses nationalités donne à voir une continuité de la recherche plastique de la photo et de ses dérivés qui est une composante essentielle de l’art contemporain.

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