Mark Neville un exemplaire soutien artistique au peuple ukrainien

"Si la Russie arrête de se battre, il n’y aura pas de guerre. Si l’Ukraine arrête de se battre, il n’y aura pas d’Ukraine." Heiko Maas, ministre fédéral allemand des Affaires étrangères.

En 2017, le Foundling Museum de Londres organisait une exposition de son oeuvre Child’s Play, présentant des images d’enfants ukrainiens déplacés par le conflit. Alors qu’une exposition de la nouvelle série était prévue en mai prochain au centre d’art Pinchuk à Kiev l’institution londonienne accueille dès maintenant les images de Stop Tanks With Books. Cette série revient sur l’annexion illégale de la Crimée par la Russie et les conséquences de la guerre sur le quotidien des Ukrainiens du Donbas depuis 2014.

Le photographe avoue deux objectifs à ce projet entamé en 2016 , le premier d’évidence, la recherche d’un soutien international pour l’Ukraine dans sa lutte continue pour l’indépendance. Il écrit sur le second vouloir « contrecarrer l’abondance de "fake news" et de désinformation raciste générées par le Kremlin - matériel que les médias occidentaux perpétuaient et reproduisaient souvent de manière incontestée et non contrôlée - en présentant de véritables portraits d’Ukrainiens ». Pour mieux répondre à ce double objectif le livre est traduit en trois langues ; ukrainien, anglais et russe.

En octobre 2020, il déménage sa maison et son studio de Londres pour s’installer à Kiev. En novembre 2021, il convainc l’éditeur californien Nazraeli Press de l’urgence d’un tel livre devant la menace de la Russie. La maquette réalisée en dix semaines est confiée à un imprimeur d’Istanbul, MAS matbaa, qui abandonne ses autres projets pour l’éditer au plus vite et aider à sa distribution.

Avec différents soutiens Mark Neville met en place des "QG du livre", à Londres, Paris, Berlin, Bruxelles et New York, où des centres de recherche ont travaillé pour définir les destinataire. Quatre jours avant l’invasion russe de l’Ukraine, ils avaient réussi à envoyer environ 150 à 200 exemplaires gratuits. Au onzième jour de la guerre 400 autres exemplaires ont été envoyés, ou sont sur le point de l’être.

Il évoque la construction du livre « Mes photographies, les incroyables nouvelles de Lyuba Yakimchuk sur la vie dans le Donbas occupé par les Russes, les recherches menées par ZOiS sur les 2,5 millions de personnes déjà déplacées par la guerre depuis 2018 et l’appel à l’action s’entremêlent ici non seulement pour susciter l’empathie, mais aussi pour permettre de mieux comprendre cette nation courageuse, aimable et mal représentée. »

Ces 80 portraits d’Ukrainiens en situation montrent ceux qu’il définit ainsi "Les gens ici sont les plus courageux et les plus résilients que j’ai jamais connus. Ils n’abandonneront jamais leurs maisons, et ils ne seront jamais vaincus. » Pour établir ce corpus il s’est immergé dans les communautés locales voyageant à travers le pays, photographiant et interviewant les habitants.

La confiance qu’ils accordent au reporter se lit dans le partage de regard et la distance d’intimité qu’il établit. La plupart des instantanés concernent des personnes occupées à la vie quotidienne. Il précise ainsi son credo : "Ce qui fait changer les gens d’avis sur un conflit, c’est un poème, une chanson ou une photographie. Ce sont les sentiments des gens qu’il faut faire évoluer. À mon sens, c’est le rôle de l’artiste."

Un remarquable exemple d’engagement artistique dans sa production comme dans sa diffusion.