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Manuel Salvat, sur les ruines de l’art domestique

Installation
Installation
Manuel Salvat était une figure arlésienne, discrète et toujours un peu fantômatique. Comme d’autres grands témoins de l’art contemporain, Francesca Woodman, Edouard Levé ou Bernard Lamarche-Vadel il a décidé de mettre fin à ses jours comme à son œuvre. Celle-ci s’est construite principalement entre Arles , le lieu de l’atelier, et Berlin , de lieu de son imaginaire urbain.

Voir en ligne : http://www.documentsdartistes.org/a...

Richard Conte artiste et enseignant chercheur au sein de l’Université Paris I défend depuis des années les variantes de l’art domestique « comme une résurgence du paradigme de la maison ». Selon lui ces œuvres « nous invitent au repérage et à l’analyse d’un mouvement sensible vers le « chez-soi », le séjour, face à la puissance et à la complexité de la globalisation et des réseaux. » Depuis la fin des années 1990 les différentes propositions artistiques de Manuel Salvat constituent autant de variations plastiques sur les conditions de l’habiter. Dans ses sources l’artiste aimait citer le Merzbau de Kurt Schwitters pour son caractère bricolé et la récupération d’objets trouvés.

Fragiles, de guingois, en équilibre instable, les pièces exposées, déclinaisons de maquette, photographies installées ou modifiées constituent autant d’éléments d’un habitat pauvre, « paysage d’angle » ou angle mort de l’urbanisme.

Ses installations pratiquaient souvent la confusion d’échelle en faisant se côtoyer des modules reproduits de constructions collectives miniaturisées à l’état de maquette sommaire avec des meubles en taille réelle, le dialogue qui s’instaurait entre ces éléments hétérogènes n’étant pas seulement formel mais interrogeant les matériaux de l’habitat.

Redonnant au spectateur des éléments disparates, dans une sorte de délabrement organique rythmé, il lui proposait une possible réorganisation dans une errance poétique.

A côté de la reprise de modèles architecturaux comme ceux de Walter Gropius, pour nourrir cet univers en déréliction Manuel Salvat s’est inspiré à plusieurs reprises de l’auteur américain de science fiction Philip K. Dick dont ses installations adaptent des environnements urbains. Il est vrai que cet univers littéraire mêlait visée futuriste et ruines de nos civilisations.

La ruine chez Salvat est moins une constante post-romantique qu’un état de conscience d’une société dont les dimensions individuelles sont exclues par les contraintes du collectif. « La petite maison dans l’inconscient » se fissure et se délabre, seule sa mémoire reste intacte, abri d’une passion, celle de l’art, on y fait retour pour, comme il l’intitulait une de ses expositions, « Ramasser les résidus après effritement »

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