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Les grands vivants, 1er volet d’un projet entre l’art, le soin et la relation de soi avec le monde

Kintsugi de lumière
Kintsugi de lumière
Découvertes à plusieurs années d’intervalle, les démarches de Stéphane Guiran et Katarzyna Kot ont inspiré ma réflexion. Leur exposition actuelle à la galerie Pierre-Alain Challier (visible jusqu’au 10 janvier 2024) m’a amené à étudier en profondeur leurs pratiques, ici associées.

Voir en ligne : https://www.grandsvivants.org/

Suite à leur rencontre au Domaine de Chaumont-sur-Loire en 2022, tous deux intéressés par la pratique de l’autre se sont unis autour d’un projet, d’une exploration au long cours. L’approche des lieux qu’ils nomment « Grands Vivants » est à l’origine d’un premier voyage : des expériences de relation à la terre, de dépassement de soi et de soin envers l’autre. Ces « êtres lieux », pour reprendre leur expression, les incitent à prendre le temps d’aller s’y connecter. Des pensées, des lectures en tête, ils ont avancé pas à pas, en privilégiant une intervention la plus douce et la moins impactante possible. Les artistes perçoivent le paysage comme un vivant avec lequel entrer en relation. Stéphane et Katarzyna ont pris soin de rendre hommage au grand glacier Vatnajökull, situé en Islande.

Leur expérience artistique s’adresse à ce « Grand Vivant ». Leur présence poétique, méditative et leurs gestes sont de l’ordre du rituel. « La nuit est une page blanche », le titre de leur exposition résonne comme l’annonce d’une nouvelle histoire à venir. Au moment du solstice d’hier, pendant la période de nuit, Katarzyna et Stéphane ont observé, écouté les dires de ce grand glacier. Dans cette relation intime à cet « être lieu », les artistes ont discerné des messages. « Tout est vibration » me raconta Katarzyna. Ils y ont répondu par un chemin de lumière. L’Angélique, cette plante annuelle, est porteuse de cet éclat et prédit un renouveau. « Ce lieu est comme un grand instrument dont nous sommes allés apprendre à jouer », me précisa Stéphane. Il ajouta lors de notre échange : « Nous créons pour apprendre qui nous sommes. » Le glacier a semblé réagir à notre présence nous disent les artistes. Leur chemin de lumière, telle une offrande leur a donné le sentiment de vivre une renaissance.

Plutôt que de laisser une trace tangible sur ce site, leurs interventions, empreintes sur le sol furent poursuivies à l’atelier. Les sons, les lumières, les sensations, les matières dont ils se sont imprégnés, les ont guidés dans leur travail artistique. Le voyage derrière eux, encore reliés à ce « grand vivant », ils se sont accordés pour restituer leurs perceptions et actions.

Stéphane Guiran affine son écriture poétique en parallèle de son travail plastique. Katarzyna Kot poursuit une démarche en relation avec le cycle des saisons. En écrivant poétiquement le projet Grands Vivants, ils poursuivent d’autres collaborations. La poésie d’Andrée Chedid qui les accompagne reste en eux et participe de leur création jusqu’à l’exposition actuellement visible à la galerie Pierre-Alain Challier. Photographies, dessins réalisés à partir d’empreintes, sculptures témoignent d’un attachement à ce lieu, d’une résonnance entre eux et lui. Un film, à la frontière entre le récit et le documentaire nous emmène vers une destination, un moment hors du temps, propice à l’évasion et à la rêverie.

Deux ouvrages publiés grâce à la maison d’édition Les heures brèves, fondée par Stéphane Guiran, constituent un support supplémentaire pour aborder leur retour d’expérience esthétique, de connexion avec le vivant et avec le paysage. La poésie de Cyril Dion accompagne un bel ouvrage doté de superbes photographies et dessins, rendant visible un site propice à la contemplation, à une sorte de paix intérieure. Un second livre prend la forme d’un carnet de voyage, à la manière de ceux de grands explorateurs, rapportant leurs découvertes. Ce recul nécessaire par l’écriture leur permet de poursuivre le dialogue entrepris lors de leur rencontre avec Vatnajökull. Ce voyage annonce une suite d’expériences à la rencontre de Grands Vivants. En mai 2023, Katarzyna Kot et Stéphane Guiran ont démarré un repérage en forêt de Bialowieza. En 2024, ils y retourneront pour y proposer une création-offrande.

Ainsi, le temps long sur place, celui du retour, de l’échange avec le lieu, est au cœur de leur processus créatif. Leurs attitudes artistiques les relient au végétal ainsi qu’au minéral. Le duo qui se nomme G&K introduit également une autre manière d’être artiste, de faire œuvre.

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