Les échappées performatives d’In Between

Diplômée en communication et par un DNAP de l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence Valérie Horwitz appuie ses recherches artistiques sur des ateliers de pratiques artistiques : expériences collectives et individuelles où la fragilité de chacun peut s’exposer à travers les propositions artistiques. Elle intervient ainsi en milieu scolaire, universitaire, carcéral et hospitalier.

Le livre In Between est le résultat d’un travail à long terme réalisé avec les mineures de la prison pour femmes des Baumettes. Pour contrecarrer la contrainte faite aux corps, les divers interdits, le dialogue entamé avec ces jeunes femmes leur donne la possibilité de se réapproprier physiquement des espaces pour une création partagée devant l’appareil.

Dans la négociation avec ses modèles s’invente une nouvelle manière de s’incarner dans l’enfermement , dans l’expérimentation entre photographie et danse d’autres manières de survivre et de résister. Comme l’écrit l’artiste : « Des élans et de mouvements où Coeurs et corps mêlés, Peuvent exprimer et s’exprimer Dans toute leur fragilité. »

Une série a été ainsi créée à partir du workshop de 2018, intitulée PEINES MINEURES les images font l’objet de tirages jet d’encre sur papier mat, leur format de 224 cm x 150 cm permet une représentation des corps à l’échelle 1/1.Si un certain nombre de ces oeuvres sont reproduites pleine page dans le livre, plusieurs autres montées en diptyques sont imprimées en vignettes, accentuant le caractère carcéral des situations.

Sur le fond du mur de promenade les jeunes femmes entrent en danse avec toutes sortes de figures que l’on connait bien dans la chorégraphie contemporaine. En feuilletant le livre j’ai repensé notamment aux créations scénique de Rachid Ouramdane et particulièrement à Surface de réparation créée en 2007 avec 12 adolescents sportifs de Gennevilliers. Ce titre pourrait aussi s’appliquer de façon symbolique à cette série.

D’autre danseurs contemporains tel Sidi Larbi Cherkaoui utilisent le vêtement comme protection de l’identité individuelle, spontanément les détenues retrouvent cette possibilité créative, y compris dans une illustration du dialogue à restaurer dans des duos performés.

Quand on sait combien la danse est mal considérée , interdite même dans des dictatures comme l’Iran, quand on voit les diverses tentations des extrêmes droites françaises de supprimer les activités de création dans les prisons un tel livre est essentiel pour démontrer la valeur humaine de telles initiatives. Dans le jeu performatif des mouvements libératoires du corps Valérie Horwitz montre la puissance de résistance et de libération imaginaire.