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L’oeil au bout du doigt

Un livre de Gérard Petrus Fieret

 : Sans titre © Gerard P. Fieret, 1965-1975. Gemeentemuseum Den Haag, Courtesy Estate of Gerard petrus Fieret
 : Sans titre © Gerard P. Fieret, 1965-1975. Gemeentemuseum Den Haag, Courtesy Estate of Gerard petrus Fieret
« Je veux tout embrasser. Il n’y a pas de photos ratées. » Ainsi s’exprime Gérard Petrus Fieret, artiste touche à tout, dont l’édition éponyme rassemble plus de deux cents clichés pris dans les années soixante. Le charme de l’époque est immortalisé dans un noir et blanc très contrasté, et souvent gras, donnant à la vie même son intensité, celle des chambres de bonnes crasseuses où l’on devine l’odeur acre de l’alcool. L’homme ne cesse d’y attirer des jeunes femmes, modèles d’un jour ou amantes furtives venues dévoiler leurs sexes velues. Les visages sont crispés ou riants. Rien de trop propre, de trop professionnel, l’érotisme est brutal, comme l’existence erratique

On pense à Ed Van Elsken tournant avec les Situationnistes autour de chez Moineau, on pense à Anders Petersen voguant d’une table à une autre jusqu’à épuisement. Gerard Petrus Fieret, lui aussi est hollandais, ces photographies sont néanmoins plus rugueuses que celles de ses compatriotes. Les cadrages sont incertains, l’homme est partout dans ses images, sa signature manuscrite et tamponnée recouvre parfois les clichés jusqu’à en faire pleinement partie.

Tout ici donne un sentiment de boulimie. Le livre est épais, les pages sont en papier très fin, l’œil dans son parcours ne peut pas s’attarder sur chaque image, tant elles se répètent à foison. La facture de l’ouvrage rompt ainsi avec les marqueurs habituels qui font l’identité des éditions Xavier Barral. Le livre s’inscrit dans un coffret en carton rugueux, la couverture est dépourvue de tout apprêt. C’est une odyssée joyeuse et chaotique. Le livre épouse l’existence d’un homme évoluant simplement l’appareil au bout du doigt.

Si la photographie brute existe, peut-être que l’œuvre de Gerard Petrus Fieret en fait partie, non parce que le photographe serait indemne d’éducation artistique, puisqu’il a suivi des cours à l’Académie des Beaux-arts de La Haye puis à l’Académie Libre, mais par la spontanéité de son rendu, par sa capacité à surprendre l’œil, à déjouer toute attente, à ne pas se laisser facilement réduire ou à une manière ou un mouvement.

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++INFO++
Gerard Petrus Fieret Editions Xavier Barral, LE BAL, Hannibal Publishing, Fotomuseum Den Haag 47 euros

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