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Javier Perez une exposition de Damien Sausset au Transpalette

Madre
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Javier Perez est un des artistes espagnols majeurs de la génération née en 1968. Très bien représenté en France par la galerie Claudine Papillon il utilise différentes techniques aussi diverses que le verre, le dessin, la sculpture intégrant aussi des matériaux animaux ou la vidéo pour défendre une singulière vision poétique du monde. Damien Sausset l’a invité au Transpalette à Bourges pour une exposition d’une grande force, ce qui constituera son dernier commissariat pour ce lieu qu’il a contribué à populariser.

Voir en ligne : http://www.emmetrop.fr/evenements/v...

Damien Sausset a contribué depuis 2011 à dynamiser le Transpalette de Bourges en lui permettant de s’affilier à l’association de Développement des Centres d’Art Contemporain (http://www.dca-art.com), en créant un service des publics et en augmentant la fréquentation. Il a mis en place des collaborations internationales avec le Kunstverein d’Hanovre et la Villa Médicis à Rome. Le lieu a été sélectionné sur projet pour la célébration des 40 ans de du Centre Georges Pompidou via une exposition intitulée Traversée Renarde. Une proposition hors les murs a eu lieu au Palais Jacques Cœur avec Genre humain une exposition de Claude Lévèqueréunissant des artistes dont il se sent proche. C’est surtout la programmation de Damien Sausset qui a convaincu de l’intérêt de sa direction. Rappelons le dialogue entre Smith et Art Orienté Objet, la rétrospective Michel Journiac l’an dernier Les disjonctions de Jean-Luc Moulène (2014), Françoise Pétrovitch en 2013, ainsi que Yona Friedman, Didier Faustino, Brice Dellsperger et Natacha Lesueur. Sa dernière exposition programmée sera celle de Javier Perez . Il est très dommage (pour ne pas dire plus) que son statut et son contrat ayant été brutalement modifiés il soit obligé d’interrompre définitivement son action après un tel bilan.

L’exposition réunit un ensemble d’œuvres graphiques, sculpturales et vidéo récentes dans une mise en espace très bien pensée pour mieux démontrer comme le souhaite l’artiste la fragilité humaine en transformation permanente . Une impressionnante sculpture faite de résine polyester et d’intestins animaux nous accueille. Son titre Madre nous indique qu’elle constitue une sorte de déposition de croix profane d’une réelle puissance. En dialogue immédiat un arbre de vie en bronze voit des cœurs bourgeonner sur ses branches comme porteur d’une Vie latente . D’autres états de cette œuvre trouvent des translations d’abord elles aussi sculptées les Brotes , elles connaissent une expérimentation graphique avec la série de dessins Fuentes de vida . Réalisés avec aquarelle, encre, gouache et crayon sur papier ils apportent une dimension colorée d’une haute tenue baroque.

Si les dessins de la série Lapsus produits à l’encre et à l’acrylique sur papier apparaissent plus austères ils prennent force dans leur dialogue avec une sculpture de verre El Espacio qui nos separa, matériau qu’il travaille depuis 1998 dans une collaboration à long terme avec le CIRVA de Marseille. On se souvient de La Torre de Sonido présentée dans la Chapelle de la Vieille Charité en 2001. A l’époque il évoquait dans le catalogue « les séjours passés dans son enfance au-dessus du magasin de luminaires de ses tantes et le bruit cristallin qui accompagnait chaque déplacement dans l’appartement ». Cet espace issu des souvenirs est celui qui oppose le masculin et le féminin. Entre les deux étages est suspendue une sculpture faite de crin de cheval teint en rouge et de tissus. En montant par l’escalier en colimaçon interne ce Masque de séduction apparaît d’abord comme une sorte de corset, tandis que sa forme faciale se révèle à l’étage supérieur. Vu de dessus la constitution spiralaire évoque les circonvolutions d’un cerveau. Comme plusieurs autres œuvres ce « Mascarra » a fait l’objet de performances qui en prolongent la potentialité.

Le dernier étage du lieu met en scène un dialogue d’une grande violence entre une sculpture Sur le fil et une vidéo Sur les pointes. Des couteaux de bronze sortent du mur, ils sont surmontés d’escarpins de la même matière, menacés par d’autres couteaux à leur verticale. Les mêmes armes potentielles sont accrochées avec des chaussons de ballerine juste à côté du moniteur qui diffuse la vidéo. Elle s’ouvre sur une salle de spectacle vide prise en contre-plongée. Dans la pénombre un homme fait jouer une boîte à musique. Un piano à queue occupe le centre de la scène . Une danseuse se hisse sur l’instrument elle se chausse avec les pointes prolongées par les lames et commence à danser en rayant la surface polie du piano. Cette mise encrise du corps joue des oppositions entre les principes masculins et féminins dans une mise en crise du corps qui nous fascine.

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