Sur quelques photographies de Paul Pouvreau
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L’œil politique veillait. Les informés de la chose publique arbitraient pour chacun. Ils prescrivaient le repli ; le réglaient. Sous peine d’amende. Ils prononçaient la relégation entre les murs de l’intimité ; ils enjoignaient l’école et le travail à distance. Il fallait ménager la divinité croissance et ses profitables excès. L’absence aux autres était devenu l’acte social d’un présent aux horizons confus.
Alors, réinventant dans l’atelier quelques images anciennes, l’artiste se masquait. Habillé du quotidien, dans un geste de défi, il se camouflait le visage des atours superflus de la divinité marchandise. À l’échange globalisé et inégal auquel elle soumet les femmes et les hommes, il opposait le retrait de l’humour et de la dérision. Au dogme utilitaire qui contraint les corps et les esprits, il prescrivait le silence. À la course ravageuse du faire et de l’avoir, il imposait le respect et l’attention.
Dans le carnaval du logo, l’artiste voilé de sac plastique, met le fétichisme de la marchandise à la question. Rabaissée à l’état dérisoire d’idole déchue, la marque contamine de sa vanité l’ensemble du monde de l’économie prédatrice. Au temps du confinement, l’artiste masqué convainc d’en penser la fragilité. Aux discours guerriers des grands prêtres de la croissance contre un ennemi invisible et insidieux, aux prophètes de la « distanciation » sociale, il objecte le doute en abîme.
À ceux qui se gorgent de discours compassionnels de circonstance, ceux-là même qui employaient, au nom de la croissance, la violence légitime contre les méprisés et les exclus, assujettissaient les oubliés et les rejetés au silence, il rétorque le rire. L’artiste masqué, en voyant d’un par-delà nature et culture, invite, contre les croyants de la marchandise, sectateurs de la contrainte sociale, et autres adorateurs de la fructification monétaire, à l’inversion des valeurs ; il appelle à la liberté d’un athéisme économique, à la prise en main collective d’un avenir politique d’équilibre.