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Comme l’an dernier trop de galeries proposent encore des œuvres très décoratives, les corps dans l’eau et les motifs corporels répétés à l’ordinateur formant fresque sont déclinés jusqu’à l’ennui. Pour mieux les oublier on peut se passionner pour les grands corps africains qu’Elisabeth Sunday invite à subir une légère transformation visuelle qui suscite le mouvement de la vie (Galerie Thomas V. Meyer San Francisco). On peut aussi s’amuser, avec une légère inquiétude cependant, des leçons de natation collective que Muriel Bordier organise comme un dressage sociétal. Sa série des lieux vides plus récente encore soutenue par la galerie Annie Gabrielli (Montpellier) annonce d’autres formes de solitude programmée. Son image fait l’affiche de la foire et elle organise ainsi que Youmna Gedday et Catherine Balet des ateliers pour enfants.
Quatre artistes explorant le portrait retiennent ensuite notre attention. La Rademakers Gallery d’Amsterdam défend le travail couleur très classique de Flokje van Lith. Les diptyques de Solène Balista séparent le haut du corps du modèle féminin dans un cadrage serré et les mains du modèle occupé avec des objets lui appartenant, le résultat est fort sensible. La série des Anonymous. Non-portraits de Rafael Diaz (Kir Royal Galerry) fait poser de profil des inconnus recrutés dans la rue qui semblent nus au moins jusqu’aux épaules et dont le visage reste dans l’ombre, l’ensemble est aussi inquiétant . Le travail de Thomas Devaux a beaucoup circulé grâce au soutien de la Macadam Gallery de Bruxelles. Si certains ont parfois critiqué la préciosité de ses compositions aux limites du pictural, son dernier travail effectué dans des supermarchés met sa technique subtile au service d’une critique de la consommation. Il fait le portrait de consommatrices présentes dans les supermarchés au moment où elles sont absorbées par l’acte de payer. Des ambiances floues de lumières des rayons entrent en dialogue avec la fragilité de ces portraits.
Des œuvres plus singulières approchent des univers comme celui de la spiritualité avec l’artiste suisse Matthieu Gafsou pour sa série Only God can judge me , qui avait été présentée au Musée de l’Elysée à Lausanne. Son rapport à l’objet demeure toujours très fort. Catherine Balet s’était fait connaitres par sa série Strangers in the Light qui revisitait de grandes toiles de l’histoire de la peinture. Elle présente ici le travail le plus original à la galerie Thiierry Bigaignon. Sa série s’intitule Looking for the Masters in Ricardo’s golden shoes, elle constitue un hommage aux chefs d’œuvres de la photographie moderne et contemporaine où le seul modèle est un vieux monsieur excentrique aux chaussures dorées. Drôle et troublante elle joue sur notre connaissance de ces œuvres qui ont fait l’histoire du médium, un livre fort réussi accompagne cet ensemble.
Un petit catalogue distribué gratuitement édité en collaboration avec Fisheye Magazine donne la parole aux collectionneurs et apporte un précieux Lexiphoto pour les différents supports des tirages.
Looking for the Masters in Ricardo’s golden shoes , le livre ISBN 978-1-911306-00-9