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Folia , le flamboyant hip hop baroque de Mourad Merzouki

FOLIA DR Merzouki
FOLIA DR Merzouki
Pour son dernier spectacle de l‘année le Théâtre d‘Orléans a programmé « Folia » de Mourad Merzouki, pièce qui tourne depuis sa création en 2018. Elle met sur scène dans un tourbillon hypnotique et jubilatoire 12 danseurs de la compagnie Käfig et les musiciens baroques du Concert de l‘Hostel Dieu, dirigé par Franck-Emmanuel Comte. La soprano Heather Newhouse performe en synergie avec les deux groupes.

Voir en ligne : https://kafig.com/folia

Mourad Merzouki est habitué aux collaborations avec des créateurs d‘univers différents de sa danse hip hop issus du cirque, des arts martiaux ou de la création plastique. En 2014 il avait déjà convié ces musiciens à sa pièce 7Steps mais pour Folia leur implication physique est beaucoup plus importante dans un dialogue corporel avec les danseurs. Cette même année à l‘occasion de PIXEL ses partenaires scéniques ont été Adrien M. et Claire B. pour une projection vidéo d‘images numériques pixellisées gérée en direct à la palette graphique par Adrien Mondot.

La folia a vu le jour au Portugal avant de gagne l’ltalie où cette musique populaire a été exploitée et approfondie par Corelli et Vivaldi notamment. Son rythme construit sur une basse répété a suscité des danses dont celle reprise ici en titre ou la tarentelle reposant sur le même principe.

Au lever du rideau dans la pénombre et une brume enveloppante des corps se débattent au sol tandis que la musique occupe tout l‘espace , quand la lumière remonte un peu une grande sphère se révèle comme source de cette alerte mélodie ; tournant sur elle même on y découvre qu‘elle abrite un guitariste. Une seconde sphère de grande dimension glisse vers le centre gauche du plateau , une danseuse et un musicien y sont présents, entre les deux structures plusieurs membres de la troupe jonglent avec des sphères de plus petit format qui font penser à des planètes et l’une d’entre elles plus précisément à une mappemonde. On imagine assister à une version chorégraphiée de la « musique des sphères » chère à Pythagore.

La jonglerie accentue son rythme au son d’une tarentelle jusqu’à ce que le ballon de baudruche terrestre explose. La chanteuse lyrique qui a mêlé sa voix à l’ardente mélodie ramasse la dépouille de tissu tandis que la lumière baisse de nouveau les danseurs amorcent des figures de résistance ou de survie à la catastrophe simulée.

La dynamique chorégraphique oppose souvent la majorité de la troupe et gun interprète solitaire, homme ou femme. Cela donne une successions de scènes en progression mathématique, solo, duo, puis trio. Dans chacune de ces scènes les musiciens accompagnent physiquement les danseurs présents jusqu’à leur sortie du plateau. Une autre forme duelle oppose la cantatrice juchée au centre de la grande sphère qui lui sert de jupe à cerceau à une danseuse en longue robe rouge. Elle performe sur un plateau circulaire gonflable que les autres membres de la troupe soulèvent pour qu’elle se trouve à la hauteur de la chanteuse, d’où elle finit par chuter. Les figures acrobatiques du hip hop se poursuivent dans la même intensité joyeuse exacerbée à la limite de tropes circassiens.

Si la soprano qui arpente le plateau est cernée par plusieurs danseurs qui l’empêchent de le quitter c’est l’occasion d’un autre exploit de sa part . Portée par deux danseurs ou en cheminant sur les dos de trois autres accroupis son chant reste tout aussi pur.

Au centre vivant de la dernière scène un danseur noir entame un long numéro époustouflant de derviche tourneur, à son dynamisme vertical s‘opposent les courses en parade de ses partenaires , leurs roues de paon, salto et sauts périlleux parcourant le plateau de long en large sur des rythmes de plus en plus vifs que soutiennent aussi les musiciens dans une constante progression jusqu’au final.

A la splendeur des envolées lyriques de cette musique baroque répond la dextérité des figures acrobatiques du hip hop dans leur diversité. Du fait de leur domination de l‘espace les corps semblent échapper à l‘emprise du temps. Ce fabuleux mélange des genres et des styles aboutit à un de savoureux moment de sidération hypnotique satisfaisant pour nos oreilles comme pour nos yeux.

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