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De la dialectique du voir et de la pensée

INTRUSIONS Une exposition de Nicolas Giraud et Pascal Amoyel

Intrusions
Intrusions
Trop souvent des rassemblements monographiques d’œuvres ou des thématiques superficielles constituent le gros d’une production de manifestations photographiques où le réseau du curateur tient lieu de pensée. C’est pourquoi il est heureux de trouver dans « Intrusions » les effets porteurs d’une confrontation, osons le terme dialectique, de deux pensées de l’image faisant chorus.

Voir en ligne : http://photographie.olympe-network....

Les voilà donc deux, Pascal Amoyel et Nicolas Giraud qui choisissent chacun une œuvre emblématique de la collection de Michelle Chomette, comme deux manières d’accomplir le rapport au réel. : Walker Evans vs Kertesz. Le monde centré d’une façade et une cour intérieure au centre évidé, l’une prise aux Etats Unis dans les années de crise où le bâti témoigne du dépouillement du vivant. L’autre cadrée par Kertesz au milieu des années 70. Une affiche blanche troue le mur à la façon des objets en moins de Pistoletto, autour les figurants semblent s’égayer, mus par quelque attirance centrifuge.

Toute l’exposition est construite sur ces appels du plein et du vide, sur les échos d’un paysage à un autre, d’une construction abstraite en noir et blanc à un univers structuré par les couleurs. Les allers-retours ne se font pas seulement dans la chambre blanche comme l’évoquait Denis Roche mais bien au deux extrémités du tunnel du temps. On circule ainsi des tout débuts du médium avec les paysages polaires d’Emile Miot,à des œuvres très contemporaines d’auteurs plus ou moins connus, coloristes de talent de Luigi Ghirri à David Mozziconacci.

Les déflagrations temporelles et spatiales nous permettent de rebondir avec légèreté et intelligence des grands genres de l’histoire de la photographie à ses grands représentants : William Egglestone, Lewis Balz et Paul Graham ou Thomas Demand. Quelques très belles petites pièces historiques nous permettent de mettre en regard des œuvres du Bauhaus avec des propositions actuelles comme celles d’Arnaud Claass ou de Jean Marc Bustamante.

Des œuvres issues d’installation très métaphysiques comme « le garage de Hegel » d’Holger Trulszch côtoient des pratiques purement directes comme un océan d’Hiroshi Sugimoto. La pratique des deux commissaires d’exposition elle-même se dédouble dans la dernière série d’Eric Baudelaire qui, invité à Dijon, a demandé à un photographe indien de répondre par des vues de son pays aux scènes saisies par lui en Côte d’Or.

C’est aussi à ce voyage transculturel que nous invitent les deux auteurs, un genre faisant intrusion dans un autre comme une civilisation dominante se trouve influencée par des cultures minoritaires. La création photographique dans ce cas dépasse les seules inscriptions dans l’histoire et la géographie pour révéler les rivages incertains de la pensée. L’exposition joue grâce à une parfaite connaissance de l’histoire de la photographie cette carte exigeante avec légèreté et brio,

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++INFO++
Exposition visible jusqu’au 6 mars 2010 du Mercredi au Samedi de 14h à 20h galerie michèle chomette, 24, rue Beaubourg, 75003 Paris 01 42 78 05 62 / mc.galerie@free.fr

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