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"De la combustion-vidéo a l’œuvre calcinée "

Art Montrelais :

K Kudelova
K Kudelova
A trente ans d’intervalle deux artistes (Christian Jacquard a Kristina Kudolova) nous parlent de la même combustion de manières très différentes.

Voir en ligne : http://katarinakudelova.free.fr

Un centre d’art niché au milieu de la campagne angevine, installé dans un ancien monastère restauré, près d’Ancenis (centre qui fait un travail remarquable, à suivre…) présente jusqu’au 21 juin deux artistes, l’une peintre, Cécile Degouy, et l’autre spécialement « branchée explositions », Katarina Kudelova.

Au travers d’animaux de la ferme, de petits chatons mignons, de pigeons ramiers sur la branche, Katarina nous parle de la violence la plus enfouie en nous, celle de la terreur, celle qui dépasse les limites de notre entendement, cet étrange mélange de la mise à feu et de la révolution qui en découle. En effet, si l’on se rapproche de ses sculptures et de ses peintures qui représentent ces animaux, on s’aperçoit qu’elles sont formées d’accumulations de pétards usagés, et c’est cette combustion antérieure qui, sous forme de performance filmée, propose la première étape de l’œuvre (celle-ci est montrée sur de petits moniteurs). La seconde étape donne à voir ces objets et peintures au caractère bucolique et rural qui renaissent de leurs cendres. Les préparatifs de ces immolations par le feu sont présentés par des dessins en binôme de représentation humaine : l’homme de gauche avec un bras recouvert de dynamite avec sa duplication à droite amputée du même bras… Tout donne dans le raffinement et la suggestion "de la mutilation génitale" à l’"auto-explosion totale", le corps de gauche est couvert de dynamite et celui de droite est absent.

Revenons à l’exposition : dans une salle entière du rez-de-chaussée sont exposées de grandes toiles noires où figurent des anthropomorphismes dessinés par la combustion d’un cordon "bickford ". Le travail de katarina nous fait penser au travail de Christian Jacquard (artiste du mouvement support-surface) ; et je pense plus spécialement à son tableau "flagellation anonyme" sur une reproduction d’une toile du XVIIème siècle conçue pour les églises, donc un rapport à l’image très distal, puisque l’image mesure 228 cms x 151 cms. Jacquard s’approprie le support en effectuant sur la surface des calcinations de petits bouts de cordon bickford disposés commme des traits verticaux utilisés traçés sur les murs par les condamnés pour compter les jours. Ces calcinations bouleversent complètement la distance de lecture de l’œuvre. Nous sommes obligés de nous rapprocher car les espaces non calcinés laissent voir des personnages d’une expressivité étonnante et presque calcinée … Complexité de la distance de lecture d’une œuvre. Paradigme des phénomènes de combustions.

Autant de questions que nous posent ces deux artistes dont les processus de fabrication semblent identiques et les œuvres au rendu, tellement différent. Au deuxième étage du presbytère est présenté un gros chaton noir coupé en deux à la Damien Hirst avec, à l’intérieur du ventre, des objets insolites. Katarina nous donne à voir un ensemble de propositions de lectures artistiques, politiques et de l’inconscient tout à fait passionnantes qui donnent à réfléchir sur la dérive des fantasmes fanatiques. Cette exposition soulève la question de ce que peut être une mythologie contemporaine de toute évidence politique où la « pensée » n’est pas de mise.

Nous attendons la prochaine « explosition » de Katarina… Le premier étage présente une peinture pertinente dans les petits formats, très suggestive et laissant le lecteur à ses interprétations que je qualifierai de lyriques. Une visite dans ces « zones humides » (zones qui bordent la Loire), et spécialement dans cet ancien monastère, me semble conseillée.

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