Courants verts

Puis, Paul Ardenne développe le propos de son exposition en déroulant le parcours de celle-ci avec les trois axes, avertir, agir, rêver. Il commence par rappeler le début d’une tendance qui s’affirme de plus en plus depuis la seconde moitié du XXe siècle. L’auteur notamment d’Un art contextuel explique que des artistes prennent part à des situations données, tels que Maria Thereza Alves, Christiane Geoffroy, Sarah Trouche ou Ackroy & Harvey entres autres. Cette alerte suscite l’action qui se révèle au travers de la performance 7000 chênes de Joseph Beuys, l’opération Recherche Forêt menée depuis 2017 par Thierry Boutonnier. Jérémy Gobé fait lui appel à des organismes scientifiques. Les artistes créent également des œuvres qui sollicitent le rêve, des perspectives nouvelles comme le propose le projet de Sam Van Aken, la Shared Propulsion Car de Michel De Broin et les œuvres de Nathan Grimes.

L’approche de Bénédicte Ramade, complète son propos. L’historienne de l’art et commissaire d’exposition retrace l’histoire de pratiques artistiques bien souvent réunit sous la même appellation. Elle convoque des projets d’artistes pionniers comme Agnès Denes, Patricia Johanson, Alan Sonfist. « Toute bonne œuvre d’art écologique doit se comprendre et s’appréhender dans la durée », explique-t-elle. Elle présente également une possible manière d’évaluer la valeur de l’œuvre d’art écologique.

Un entretien avec Lauranne Germont, historienne de l’art, commissaire d’exposition et cofondatrice de l’association COAL, nous dévoile des pratiques artistiques qui tentent de restaurer notre lien intime au vivant. Elle définit trois typologies de pratiques d’un art « écologique », le témoignage et le partage de connaissances, l’action politique et symbolique, les pratiques de résilience. Pour elle, il s’agit d’un art d’autant plus connecté au contexte. Elle montre de quelle manière les artistes cherchent à trouver d’autres façons de montrer leurs créations, peu communes pour les institutions muséales traditionnelles et les galeries d’art.

Alice Audouin, pionnière en France des initiatives reliant art contemporain et développement durable rend compte de la visibilité plus croissante des pratiques artistiques investies dans ces enjeux. L’art, selon elle, doit pouvoir susciter des changements dans le monde. Pour nous donner à voir l’exposition, ce livre se clôt avec la présentation des différentes œuvres complétées par des photographies. Des textes les présentent et les replacent dans la démarche de l’artiste. Ce sujet touche également le 9 e art qu’est la bande dessinée. Des titres sont d’ailleurs exposés à la fondation EDF.

Ainsi, Courants verts, par ces textes et ces illustrations, enrichit notre perception des œuvres de l’exposition. Il nous offre des points de vue éclairant sur les pratiques artistiques dites « écologiques ». Chaque contribution s’ajoute à la réflexion de Paul Ardenne. Les auteurs, acteurs, défenseurs d’une pensée consacrée aux relations entre art contemporain et développement durable nous conduisent à envisager notre rôle pour des changements de comportements dans notre société. La parole est notamment donnée aux femmes, professionnelles de l’art contemporain. Ce livre rend audible leur collaboration à une nouvelle ère de rayonnement d’œuvres engagées. Il nous invite à songer aux nouvelles visibilités de ces pratiques artistiques et annonce une période charnière durant laquelle il est urgent d’agir et de prendre conscience de notre rôle à jouer.