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BILL JACOBSON – Photographe américain au Frac Haute-Normandie

  • lundi 9 juillet 2007
Thought Séries// 2571, 1998
Thought Séries// 2571, 1998
© Bill Jacobson courtesy Julie Saul Gallery New-York
C’est dans le cadre du cycle d’expositions programmées par le Frac Haute-Normandie, durant l’année 2006-2007 et intitulé "We had a dream", que la plupart des visiteurs ont pu découvrir un pan révélateur de l’œuvre d’un – trop peu connu encore- photographe américain, exposé pour la première fois en France : Bill Jacobson

Voir en ligne : www.frachautenormandie.org

C’est dans le cadre du cycle d’expositions programmées par le Frac Haute-Normandie, durant l’année 2006-2007 et intitulé We had a dream, que la plupart des visiteurs ont pu découvrir un pan révélateur de l’œuvre d’un – trop peu connu encore- photographe américain, exposé pour la première fois en France. Ainsi, après le regard de Bernard Plossu sur l’Ouest américain des années 70, succède celui de Bill Jacobson sur l’Europe des années 2000. Mais son exposition intitulée fort justement Interim thought, and others, n’est pas une simple illustration thématique, elle se veut avant tout l’ébauche d’une mini-rétrospective où le spectateur peut découvrir l’esthétique particulière et si singulière d’un photographe qui sait traiter de sujets apparemment différents tout en préservant non pas une unité de style mais une approche sensuelle et émouvante, une véritable et authentique approche sensible de l’homme, de ses états émotionnels et de la nature urbaine ou non dans laquelle il se meut le temps d’une vie. Entre dissolution du réel et épaisseur de l’image, entre suspens de la représentation et état plastique si ce n’est formel d’un ressenti, s’installe un battement visuel d’où chaque photographie tire sa nécessité d’image.

L’exposition d’œuvres s’échelonnant de 1993 à nos jours propose en effet une sélection issue de quatre de ses principales séries où l’on retrouve, tant dans les portraits, que dans les vues urbaines ou devant ses dernières natures mortes, d’une part sa technique particulière du flou - « out of focus »- qu’une singulière et très personnelle approche de la personne et de son environnement. Dans une quête éminemment photographique mais tout aussi plastique du visage, d’une partie de corps ou d’une silhouette traversant une grande avenue, l’artiste saisit et transmet à la fois l’intériorité d’un moment et l’évanescence d’un souvenir. Entre rêve et réalité s’immisce une impression d’entre-deux dont le spectateur peut s’emparer comme l’on fait sien un état transitoire dont on ne veut ni sortir ni véritablement entrer. Si les photographies des premières séries Interim Portraits (1992-94) et Thought Series (1996-98) retrouvaient une esthétique de la blancheur ou à l’opposé de l’opacité ténébreuse, fort prisées par certains photographes soucieux de la matière photographique mais aussi de ce qu’elle pouvait transmettre quant à son impact métaphorique du passage du temps - baignant alors les visages ou les corps dans la densité d’un espace jouant de la quasi disparition des traits et des contours – les images de foule et de vue urbaine de New Years’Day (1999-2004), ne sont pas sans nous rappeler une certaine esthétique picturale chère aux impressionnismes, mais surtout la dimension théâtrale des photographies de Harry Callahan dans les années 60 à New-York ou celle tout aussi reconnaissable des peintures quasi-photographiques de Denis Hopper dans les années 80. Entre espace urbain et scène de la rue, Bill Jacobson a su réinvestir les thématiques d’une modernité photographique tout en y insufflant la force d’une intériorité sensible, nourrie des années Sida mais aussi d’une histoire de la peinture moderne. C’est peut-être alors dans ses dernières photographies cette fois-ci « nettes » d’objets, de fragments de paysage, de reproductions de tableaux, que la série Funny, cry, happy (2004-2006), permet de prendre la mesure d’une œuvre enfin montrée dans une institution française, et qui pleinement expose la densité sereine d’un regard posé sur les choses les plus banales mais aussi indispensables à ce qui fait notre plus proche environnement. Comme le souligne très justement Marc Donnadieu, directeur du Frac Haute-Normandie, nous sommes devant les photographies de Bill Jacobson, contraints d’éprouver « ces blocs temporels et sensoriels » où se sont sédimentés le réel et sa puissance silencieuse.

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++INFO++

Bill Jacobson Interim thoughts, and others

Exposition au Frac Haute-Normandie Du 24 mars au 13 mai 2007

Trafic Frac Haute-Normandie - 3 place des Martyrs-de-la-Résistance 76300 Sotteville-lès-Rouen - tel : 02 35 72 27 51 fax : 02 35 72 23 10 frac.haute.normandie@wanadoo.fr/www.frachautenormandie.org

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